L’infortune des Gascons

 Etiamsi omnes, ego non !

Sourd à la colère jaune et maniant à la perfection la poudre de perlimpinpin, le gouvernement prépare un vaste plan de suppression des trésoreries en Gascogne. Depuis 2007, les suppressions de postes comptables se sont multipliées sur notre territoire. Chaque gouvernement plante sa croix. À l’ouest du département après les fermetures lointaines déjà d’Aignan, Montesquiou et Miélan, après les fermetures plus récentes de Riscle et de Marciac, voici venu que sonne le glas pour Plaisance. Mais le plan est bien plus large et si nous croyons la carte publiée sur le site du syndicat Solidaires Finances publiques, ce ne sont pas moins de 9 des 11 villes disposant encore de services de la DGFIP qui sont ainsi concernés. Certes, Mirande et Condom conservent la gestion des collectivités mais perdent leurs services fiscaux. En revanche, les trésoreries de Nogaro, Eauze, Vic-Fezensac, Fleurance, Mauvezin, Gimont et Plaisance se retrouvent sur la sellette. À ce niveau, ce n’est plus un plan mais bel et bien une saignée qui est appliquée au département. Et sur le même site nous découvrons que l’amer breuvage devra être avalée par l’ensemble des départements de France et de Navarre!

Bien sûr, les zélateurs du gouvernement insisteront sur une carte qui semble proposer une multiplication des points de présence. Mais ne soyons pas dupe : derrière les points bleus et les points rouges si nous avons bien une chaise, nous n’avons pas de fonctionnaire ! N’ayant pas le courage d’assumer les regroupements, le locataire de Bercy avance masqué.

Les difficultés sont de deux ordres. D’abord, le problème de fond réside dans la suppression de fonctionnaires des finances publiques de manière continue au moins depuis 2008. Depuis sa création, ce ne sont pas moins de 20 000 fonctionnaires que la DGFIP a perdu. S’il s’agissait d’une entreprise privée, le ministre de l’économie serait venu immédiatement à son chevet. Tel n’est pas le cas avec la DGFIP sacrifiée année après année par les parlementaires de tout bord. Pour permettre la conservation d’une taille critique aux implantations les directeurs successifs sont donc obligés de fermer des postes comptables. Ne perdons pas de vue que le véritable combat, l’origine du combat se joue bien sur le plan politique lors du vote du budget de l’État.

Las, si nous pouvons comprendre les suppressions d’emploi lorsque des missions disparaissent (il me semble logique de supprimer des postes lorsqu’un impôt comme la taxe d’habitation disparaît), il est incompréhensible d’appliquer une telle potion alors que les besoins perdurent. La preuve en est la volonté de l’État de développer les Maisons France Service. En effet, derrière les points bleus de la carte du directeur se trouvent ces structures financées en grande partie par les collectivités locales. Nous touchons là au deuxième scandale, celui d’un transfert de charge de l’État vers les collectivités locales sans financement. Et pas vers n’importe lesquelles, vers les plus pauvres, vers celles qui auraient le plus besoin de son soutien au nom de la solidarité territoriale. Ainsi, comme à chaque fois (tel est déjà le cas pour les écoles, les médecins), ce sont les collectivités en difficulté qui fournissent les efforts les plus importants. D’un point de vue territorial, les plus forts se renforcent et les plus faibles s’affaiblissent. Est-ce ce modèle que nous désirons ?

Gascons de cœur et d’esprit, nous ne pouvons continuer à subir les coups sans rien dire. Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone ! Il est urgent que l’État s’occupe à nouveau de ses territoires. Pourquoi centraliser ses services dans les grandes agglomérations au détriment de vastes espaces condamnés à l’oubli ? La France n’est pas faite que de métropoles: s’il tourne le dos à ses campagnes, notre pays perd son âme.
Nous n’avons pas le choix, il va nous falloir lutter, encore. Non pas lutter seul, chacun dans son coin, mais lutter ensemble. L’objectif n’est pas que celui qui crie le plus fort conserve sa structure au détriment des autres. L’objectif est que l’ensemble des élus de notre département, du moins tous ceux qui sont encore attachés à la place des services publics dans nos campagnes, s’unissent pour rejeter ce plan. Renonçons ainsi aux combats solitaires qui nous opposent les uns aux autres et ensemble luttons. De leur côté, les parlementaires devront à nouveau se positionner fermement. Nous n’attendons pas uniquement d’eux qu’ils soient en première ligne des manifestations, nous souhaitons qu’ils prennent leur responsabilité à l’Assemblée Nationale et au Sénat et qu’ils s’opposent à la suppression des emplois à la DGFIP afin que nous puissions conserver nos services.

Malgré la période estivale, je rêve d’un front commun de nos élus soutenus par les citoyens. Mesdames, Messieurs, nous n’en sommes qu’au début, soyons digne de la Gascogne, elle nous regarde et compte sur nous.

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