Réponse de Nathalie Arthaud

Nous poursuivons aujourd’hui notre série de réponse avec le retour de Nathalie Arthaud, en personne! A ses oreilles Le cri des campagnes ! résonne terriblement. Bonne lecture!

 

Monsieur,

J’ai bien reçu votre courrier m’interpellant sur « la France des campagnes » et me faisant part de vos inquiétudes pour l’avenir, que ce soit celui de son agriculture, ou de la désertification médicale, ou de l’emploi, ou des services publics,

Et bien sur ce sujet, il me semble que l’Etat qui devrait montrer l’exemple, fait le contraire et par sa politique participe à ce qui est plus qu’un sentiment d’abandon, mais un abandon pur et simple des territoires ruraux.

Je n’ignore pas une évolution qui voit l’Etat, au prétexte de décentralisation, se débarrasser de compétences qu’il assumait, sans compenser financièrement ce désengagement.

Alors oser affirmer comme le fait le gouvernement que cette politique de désengagement améliorera par exemple « l’offre de services au public » est une tromperie. Pour ma part, en matière de territoire, je me fais plutôt l’écho des préoccupations des maires ruraux qui voient à juste titre cette politique de désertion de l’Etat comme une attaque contre les services rendus à la population, qui par ailleurs paie toute sorte d’impôts sans vraiment en apprécier l’utilisation concrète dans son quotidien.

Je suis donc pour que l’Etat finance entièrement les nouveaux pouvoirs qu’il a confiés aux collectivités locales.

Et pour ce qui est de « l’intercommunalité » par exemple, si l’État incite les communes à fusionner, cela traduit bien plutôt la volonté des gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, de faire à terme des économies : moins de communes, c’est aussi moins de secrétaires de mairie, moins d’ouvriers d’entretien, etc. Quant aux effectifs de la fonction publique territoriale, je ne participe pas à cette course à l’échalote qui ferait des « fonctionnaires » la cible d’économies budgétaires, que je condamne.

Je suis bien consciente que je n’ai pas répondu dans le détail à toutes vos préoccupations mais je tiens à affirmer que si les gouvernements voulaient réellement lutter contre la désertification des campagnes, ils ouvriraient au contraire les crédits aux collectivités pour qu’elles investissent, dans des maisons de santé par exemple ! Ils maintiendraient  tous les services publics d’Etat sur l’ensemble du territoire. Et en matière d’éducation, il arrêterait de fermer des classes, de supprimer des postes.

En fait de « réforme territoriale » on a affaire à une vraie « régression territoriale » qui s’inscrit dans la politique d’économies budgétaires, qui concerne tout autant les collectivités que les services de la Santé ou ceux de l’Education.

Pourtant en ce temps de crise, il est encore plus vital pour les classes populaires que l’argent public serve aux catégories les plus fragiles de la population et à créer les emplois indispensables au bon fonctionnement de la société, au lieu d’être ponctionné aux communes via notamment le CICE pour remplir la poche des actionnaires des sociétés et alimenter la spéculation financière.

Et mettre fin à l’asphyxie financière des communes nécessite de s’attaquer au système capitaliste qui asphyxie l’ensemble de la société.

Recevez, Monsieur, mes sincères salutations.

Nathalie Arthaud

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